mardi 24 février 2009

Elle m’avait dit qu’il monterait directement, la surveillante lui montrerait le chemin. Je n’avais plus qu’à attendre et chercher ce qui a pu se passer ? J’avais mangé comme les autres, bu l’eau de la carafe mais je pris un café et pas les autres. Je me traitais d’imbécile, sûrement le café m’avait causé ce mal d’estomac. J’allais mieux, je ne savais pas si j’avais eu un spasfon ou autre chose, cela m’inquiétais, si je perdais ma tête je serai une pensionnaire de plus qu’on transfère dans une maison de santé. J’essayai de ma calmer, Chris arriva à ce moment.


6 – Chris m’embrassa tendrement, il me serrait dans les bras et en même temps je sentis qu’il me tendait un papier, je le cachais dans ma poche. Il prit une chaise et me dit :
Tu as tes règles douloureuses ? Je le regardai étonnée, je n’avais jamais eu de règles douloureuses, comme il insistait je décidai de le suivre et je répondis :
Oui, c’est une vraie plaie les règles pour une femme !
L’infirmière qui était présente, me demanda si j’avais du rechange pour mes règles, je lui dis « c’est dans ma chambre » Elle sortit une minute pour demander à une surveillante de ramener mes serviettes hygiéniques.
Mon mari en profita pour me demander de lui dire en deux mots le plus urgent. Je dis pour Lara, il me souffla dans l’oreille, la machine tourne, le commissaire vérifie tout. L’infirmière revenait et nous avons parlé de Michel de façon naturelle, puis de mes fleurs, il me promit de les arroser plus souvent. Je lui dis que j’irai à la piscine, il fronça les sourcils quand je lui expliquai qu’elle était en face mais appartenait à la maison. Le docteur m’a dit que tout l’établissement d’en face appartenait à la maison de repos mais seule la piscine était en service, le reste était en restauration. Je crois qu’ils vont s’agrandir.
Une heure passe vite quand on est couché et que l’être aimé est à vos côtés, Mlle Viollet lui dit qu’il fallait que je me repose, Chris m’embrassa et me glissa dans l’oreille qu’il allait se renseigner pour la piscine.
Je m’endormis presque aussitôt. Je ne me souviens pas si on me réveilla pour le dîner ou pas, je dormais encore.
Je me réveillai brusquement, je ne sais pas pourquoi, je n’entendais rien, je regardai ma montre, il était 1 h du matin. Par curiosité j’allai à la porte, j’étais enfermée, je m’en doutais un peu, je décidai de refaire mon lit, les draps étaient rouges de sang, un bébé écrasé gisait sous moi, je comprenais pourquoi je me suis réveillée, je devins livide, je me retins pour ne pas crier.
Malgré moi je reculai, tellement le spectacle était effrayant, j’essayai de me dire que ça n’existe pas, je touchai le drap et ma main se trouva pleine de sang, je sentais le bébé glacé sous ma main, je paniquai et hurlai !
Au bout d’un moment une surveillante vint avec Mlle Viollet, elle demanda ce qui m’arrivait ? Je regardai les draps, ils étaient redevenus normaux, ma main n’avait plus de sang, je dis en m’excusant :
J’ai fait un cauchemar, je ne savais pas que j’avais crié, cela m’arrive pendant mes menstruations quand elles sont douloureuses. Elles repartirent en me renfermant, à ce moment je me rappelai que je n’avais pas encore lu la lettre que Chris m’avait glissée dans la main, elle était dans ma poche et je la pris.
Chris m’expliquait brièvement qu’avec 3 témoins en plus de moi, ce sera parfait et son ami pourra essayer d’agir. Il me demandait de ne pas me faire remarquer quelques temps et surtout d’être prudente dans mes propos. J’étudiai bien la lettre, je n’avais plus sommeil, brusquement je remarquai qu’il m’avait écrit « Je t’aime »
Il ne l’écrivait jamais, ce n’était pas son style, cela m’intriguait, je voulais savoir s’il avait voulu me dire quelque chose avec ce « Je t’aime » Je fis des jeux de mots, je laissai tomber, après tout il me l’a dit car il me sentait fragilisée ?
Je me rendormis, Mlle Viollet me réveilla en entrant, elle m’apportait le petit déjeuner et un spasfon. N’ayant plus mal au ventre, je ne pris pas le médicament mais le jetai discrètement en tirant la chasse d’eau. Je déjeunai de bon appétit, malgré ma nuit tumultueuse, je n’avais plus qu’à attendre la visite du docteur.
Vers 9 h 30, le Dr Dupuis arriva et me regarda moqueur :
Je crois que vous voulez rester vivre parmi nous !
Non, j’aimerai bien rentrer, je ne provoque pas les incidents
Vous pouvez retrouver votre chambre, votre ventre est normal, les règles douloureuses sont assez fréquentes.
Il me quitta sur ses bonnes paroles et je sortis, accompagnée d’une surveillante portant mes affaires.
Françoise fut soulagée de me voir, elle me demanda :
Où étais-tu, j’étais folle d’inquiétude ?
Hier je suis tombée après le repas, mes règles sont douloureuses et l’infirmière m’a gardé dans l’infirmerie, ce matin le docteur est passé et m’a dit que je pouvais revenir dans la chambre.
Pourquoi la surveillante ne m’a rien dit ni Mlle Viollet quand elle est passée ?
C’est à elles qu’il faut demander, je ne sais pas !
Tout devenait secret, c’était absurde, je décidai d’aller lire à la bibliothèque. Il fallait que je reste calme jusqu’à la fin de la semaine, ensuite je verrai la piscine, le mystère s’y trouvait ou j’avais tout faux ?
Je choisis un livre sur « les hallucinations » et je me mis près de la fenêtre pour lire.
Je ne pensais pas apprendre grand chose, mais si je voyais le moindre indice qui pouvait m’aider …

J’étais assise face à la maison qui avait une piscine, je la fixais, il y avait des volets ouverts, j’en déduisais qu’elle était habitée, la terrasse devait être grande car je ne voyais pas où pouvait être la piscine. Je me plongeais un peu dans le livre, cela me permit de voir tous les médicaments pouvant donner des troubles. C’est à ce moment que la bibliothécaire vint s’excuser en me disant qu’elle s’était trompée, ce n’était pas un livre pour nous, juste pour le médical, je le lui rendis et pris un autre de Baudelaire. J’essayai de graver dans ma mémoire ce que j’avais lu, je me demandais qui cela pouvait intéresser en dehors du docteur ?
Je levais les yeux au plafond, les poutres en bois étaient penchées, j’en voyais une qui était prête à tomber sur moi, encore mes hallucinations me dis-je ! A ce moment Lara, que je n’avais pas revue, se précipita et me poussa brutalement, la poutre tomba pas loin de moi. Je restai assise par terre l’air hébété, je ne comprenais plus rien ! Pourquoi Lara était là, si elle m’a sauvé c’est qu’elle ne fait pas partie du gang ? Je remarquai que c’était la première fois qu’on essayait de m’assassiner ou me blesser réellement ! Je me repris et remerciai Lara. Elle sourit et dit :
Il n’y a pas que toi qui prends des médicaments ou qui ne mange pas la même chose que les autres. Je souris mais restai sur mes gardes :
Tu me dis ça, pourquoi?
Je crois que je n’étais pas dans mon état normal l’autre jour.
Je lui fis signe de s’approcher avec son fauteuil, je lui montrai la fenêtre et lui demandai :
Tu savais qu’il y a une piscine en face, elle appartient à la maison de repos ?
Encore une nouvelle, dit Lara
C’est bizarre, personne ne la connaît à part une fille qui m’a dit qu’elle y allait !
Méfie-toi si tu dois y aller, tu risques de te noyer avec ta chance
Je le savais trop bien et je ne trouvais pas ça drôle. La sonnette nous prévint pour l’heure du repas et nous sommes allées ensemble à la salle à manger. Françoise, Marie et Marylène firent des grands yeux étonnés, je souris et leur expliquai que Lara m’avait sauvé la vie. Brièvement je leur racontai l’incident de la bibliothèque.
Sylvie me demanda :
La poutre était grosse ?
Assez pour me faire très mal dis-je
Elle est vraiment par terre ?
Oui, peut être plus maintenant, je crois qu’une surveillante est venue la ramasser, la bibliothécaire l’a aidée.
Tu peux demander des dommages dit Sylvie ! Je ris et répondis :
Je ne suis pas blessée ! Les filles insistèrent pour que je me renseigne et je promis.
Je revoyais Lara entrer, elle m’avait dit entendre du bruit, je ne me souvenais plus où était la bibliothécaire à ce moment, à moins qu’elle remette le livre des hallucinations, elle n’avait rien dit quand la poutre est tombée !
Il me restait trois jours à tenir avant de pouvoir voir Chris l’après-midi, en espérant qu’il n’y a pas de pluie, sinon pas facile de rester dehors, il y avait bien une tonnelle mais nous craignions les micros : une obsession qui ne me quittait plus, j’en voyais partout même là on il ne pouvait pas y en avoir.
Je me retrouvai avec Françoise et Marie toute l’après-midi, il faisait chaud et nous sommes restées dehors à la terrasse. Marie partait dans une semaine, elle était toute gaie, son séjour commençait à lui peser, surtout depuis mon arrivée et les incidents.
Elle me dit :
Pourquoi avant toi personne ne se plaignait, il devait bien y avoir des cas similaires ?
Tout simplement les personnes se retrouvaient en maison de santé avant de trop se plaindre
Tu ne l’es pas, toi pourquoi ?
J’ai la chance d’avoir un mari qui fera tout pour que je n’y sois pas, ce n’est pas le cas des autres. Je crois qu’ils ont mal choisi leur cible avec moi. Elles rirent toutes les deux.

Aucun commentaire: