mardi 24 février 2009

ma vie et je ne voyais pas comment la préserver. L’idée qu’un inspecteur enquêtait m’aidait un peu. Je sentis une forte brûlure sur le cou, elle descendait sur le thorax, je demandai à Françoise si elle voyait quelque chose elle me fit signe que « non » puis elle me chuchota :
Je ressens la même chose que toi, nous avons déjeuné ce matin
Tu as raison, cela va passer, faisons semblant ne rien sentir. Elle opina.
Nous quittions la salle à manger, Marie vint vers moi et dit :
Tu as raison, tu peux compter sur moi, je te laisserai mon adresse pour me joindre.
Réfléchis encore avant de dire « oui » C’est dangereux ! Je murmurai doucement « il y a des micros partout » Elle pâlit et partit.

Quand la surveillante est venue me chercher pour la piscine, je remarquai que je ne la connaissais pas, je lui demandai comment allait l’autre, elle me répondit qu’elle était partie se reposer un peu.
Jacky m’accueillit gaiement, il me dit qu’à partir d’aujourd’hui j’allais travailler autrement : 15 minutes aujourd’hui, vingt demain et ainsi de suite. Cela m’allait parfaitement et il m’aida à descendre dans le bassin, à ce moment ma canne anglaise glissa dans l’eau, je criai « Oh non ! » Il me rassura :
Ce n’est pas grave, je vais essayer de l’avoir en plongeant, pendant ce temps vous nagez 2 aller-retour et demain nous compterons en minutes.
J’obéis, il plongea, je ne le vis pas un bon moment et l’appelai affolée mais il ne revenait pas. Je sortis en me tenant par les mains et j’appelai la surveillante, je ne savais même pas son nom alors je criais « Madame au secours » à la fin je restai figée au bord de la piscine me demandant machinalement lequel viendrait en premier : la surveillante, Jacky, était-il vivant ?
Jacky sortit de l’eau, il paraissait épuisé mais il me tendit ma canne anglaise ? Je lui demandais ce qu’il avait eu, il répondit :
J’ai dû la chercher, ne vous en faites pas je fais de l’apnée je peux rester longtemps sous l’eau. Il essaya de me sourire et m’aida à me relever.
La surveillante arrivait, elle m’aida à traverser, nous sommes revenues sans incident. Je remarquai que le jardinier travaillait sur les acacias bleus, je me demandais s’il était au courant pour les micros, si je les ai vus, il doit le savoir, c’est peut être lui qui est chargé de les placer.
Je me cognai contre Marie en entrant, elle me dit tout bas :
Prend mon adresse et donne-moi la tienne et ton téléphone, je téléphonerai à ton mari en sortant
Il y a eu du nouveau dis-je encore plus bas ?
Je sors demain, les papiers ont été trafiqués, pour gagner une journée, et l’après-midi ils ont une autre personne et cela leur fait de l’argent en plus.
C’est important une journée de plus dis-je étonnée ?
Je devais sortir dans deux jours, j’avais prévu pour qu'on vienne me chercher mais demain ce n’est pas possible et je vais me trouver sur le quai, toute seule, obligée de payer un taxi alors que je n’en ai pas les moyens. Je comprenais mais je pouvais aussi comprendre la direction, ils n’étaient pas obligés de la garder une journée de plus ou de moins. Il fallait que je me renseigne.
J’allai chercher un papier où je notai mon adresse et téléphone et lui donnai, elle me donna son téléphone également.
Le soir nous avons décidé de fêter le départ de Marie, nous avons préparé des petits cadeaux et mis autour de son assiette. Elle rougit de plaisir, pas habituée à être gâtée, je la vis ouvrir le premier paquet, c’était un flacon de parfum venant de Sylvie. Marie ouvrit les autres, il y avait des bonbons, des gâteaux, une savonnette à la lavande et moi je lui avais offert un carnet d’adresses. Nous avons ouvert une bouteille de jus de fruit et avons levé un verre à son départ et une bonne santé. Nous avions eu l’autorisation des surveillantes, et nous étions environ dix autour de la table. Soudain un cri strident nous surprit, il émanait de notre table, Françoise se baissa, elle ne vit rien, une surveillante vint vers nous et regarda autour puis nous dispersa chacune à sa place. Il n’y avait rien du tout ! Nous avions toutes entendu ce cri et le repas fut moins gai que le début, nos problèmes n’étaient pas finis, pour Marie mais pas pour nous. J’avais beau essayer de définir le bruit, je n’y arrivai pas, mes camarades de table non plus, même l’endroit nous n’étions plus sûrs que c’était sous la table à côté ou plus loin.
Après le repas, nous avions hâte de rejoindre nos chambres, la peur s’était, à nouveau installée parmi nous. Je dis à Françoise, pour la faire penser à autre chose :
Marie m’a donné son adresse et a voulu la mienne, c’est bien nous pourrons correspondre après son départ. Elle sourit, nous avions pris l’habitude de parler à mi-mot pour ne pas se faire piéger par des micros. Elle me dit :
Aujourd’hui le jardinier a travaillé sur les hortensias bleus, c’est fou le travail que ça peut donner ses fleurs, je n’en aurai jamais chez moi.
Ah oui ! La remarque de Marie me fit réfléchir, il avait changé de micros ou il avait mit des caméras ou autre chose encore ? Elle ajouta :
Au fait j’ai vu un géant, il parlait au jardinier, tu ne peux pas savoir comme il était grand !

Le lendemain Marie partit, elle était contente malgré les problèmes financiers que ça lui posait. Je la regardais partir le cœur lourd, une fille gentille, je pouvais compter dessus et puis elle était gaie. Françoise était triste également, il fallait nous reprendre. Les soucis ne manquaient pas, les inspecteurs passaient dans les chambres, parfois reposaient la même question ou nous faisaient venir. J’étais étonnée qu’ils aient laissé partir Françoise puisqu’ils avaient décidé de ne laisser ni entrer ni partir qui que ce soit, j’en parlai à Françoise :
Comment se fait-il que marie ait pu partir ?
Elle n’était pas là, je veux dire pas autour de Lara, il n’y avait que 4 filles en plus de nous qui sommes sorties après, elle ne peut pas être coupable
Tu crois que c’est une patiente qui l’a tuée ?
Les inspecteurs cherchent toutes les pistes, mais ils laissent en paix les personnes qui n’étaient pas là insista Françoise.
Pourtant, ils ne laissent partir personne sauf Marie. Françoise se pencha vers moi et me dit dans l’oreille, ce ne sont que des racontars pour nous effrayer, tu vas voir ; il y aura une pensionnaire qui remplacera Marie et il y avait deux départs prévus pour demain, tu verras, elles partiront car elles n’étaient pas dans le couloir. Si toi ou moi devions sortir, ils auraient refusé de nous laisser partir.
Elle avait peut être raison, cela ne changeait pas grand chose, je savais que les pensionnaires n’y étaient pour rien, par contre j’ignorais qui du personnel avait tué et à la demande de qui ?
La directrice passa, elle nous fit signer une attestation, notre rapport à l'inspecteur, elle râlait :
Je dois tout faire moi-même, les surveillantes veulent partir et je n’ai pas le droit d’embaucher tant que la police n’aura pas trouvé. Elle nous regarda et s’excusa – Je sais ce n’est pas vos affaires, merci pour la signature je retourne voir l’inspecteur.
Nous étions sidérées, elle n’était pas bavarde d’habitude et savait garder son sang froid. La sonnette nous secoua, il était l’heure de passer à table.
La place de Marie était remplacée par une nouvelle qui se présenta « Marlène » Elle n’étai pas responsable de nos états d’âme et nous avons fait un effort pour être aimable, cela nous changea un peu, il y a longtemps que nous n’échangions plus des banalités ou si peu. Marlène venait de Nice, elle venait du soleil, elle avait un problème au dos et ne pouvait pas marcher longtemps ni s’asseoir, c’était dû à une maladie, elle faisait des cures tous les ans, cette année elle avait demandé à venir ici. J’ai failli rire en pensant qu’elle avait fait là une belle erreur, ceci dit avec les policiers il se peut que tout se calme !
A 14 heures une surveillante vient me chercher pour la piscine, en cours de route je lui dis que je pourrai y aller seule, je connaissais bien le chemin et me débrouillais très bien avec les cannes anglaises, elle répondit qu’il fallait voir avec le docteur, elle exécutait les ordres, je me promis de lui demander au retour.
Jacky sourit en me voyant, il m’expliqua que nous pourrons enfin travailler vingt minutes, je m’étonnai :
Hier vous m’avez dit, je commencerai par quinze ?
Mais hier vous les avez fait vos quinze minutes, aujourd’hui vous essayez vingt, je vous dirai d’arrêter, longez le bassin et revenez, sans vous arrêter.
Je m’exécutai et longeai le bassin aller puis retour, je regardai en même temps tout autour. La piscine était grande, au fond il y avait des chaises ou autres meubles cachés sous des toiles, ce » n’était pas joli, je suis sûre qu’ailleurs on aurait trouvé la place pour les mettre. J’entendis Jacky me reprendre :
Encore un effort, vous n’avez plus que cinq minutes, ne vous relâchez pas madame Lemay. J’opinai de la tête et continuai à nager, en relevant la tête j’aperçus un objet brillant, j’avais compris. Au plafonnier il y avait aussi des micros, malgré cela nous pouvions nous noyer sans qu'une personne vienne nous chercher.
Jacky me cria « C’est fini ! » Je sortis, contente mais un peu fatiguée, je lui demandai s’il trouvait que j’avais l’air cadavérique. Il me fixa puis dit :
Ce n’est pas le mot, vous êtes fatiguée en ce moment, j’ai entendu que vous avez assisté à un crime, c’est compréhensible que cela vous a bouleversé. Je lui souris sans rien dire et m’en allai. La surveillante m’attendait.
En rentrant j’allai frapper chez le docteur, il me dit d’entrer. Je le vis assis à son bureau, il parut étonné de me voir :
Que vous arrive-t-il madame Lemay ?
Je voulais juste vous demander si je ne pouvais pas aller seule à la piscine, il n’y a que la rue à traverser ?
Justement dit-il vous avez failli vous faire écraser la dernière fois, « NON » dit-il d’une voix forte. Je sortis aussitôt, l’inspecteur devait lui causer des ennuis pour qu’il ne garde plus son sang froid. J’allai dans la chambre silencieusement.



11 – Françoise me montra le thermomètre, Mlle Viollet allait repasser bientôt, un déclic se fit – Si le thermomètre avait une substance hallucinogène ou autre, sur le corps cela pouvait jouer ? – Je ne dis rien mais secouai légèrement pour avoir une température normale et remis le thermomètre. Françoise me regardait avec des grands yeux, je luis fis signe de se taire et écrivit sur un papier la raison de mon geste. Elle opina mais elle avait déjà pris sa température, c’était trop tard pour elle, d’ailleurs l’infirmière venait reprendre les thermomètres.
Pendant la sieste je racontai à Françoise que j’avais nagé vingt minutes, elle me félicita et dit à son tour :
Nous avons eu un va et vient toute la journée, il y avait plein de policiers, et une personne a parlé de l’accident que tu as eu avec la surveillante, nous te cherchions, j’ai dit que tu étais à la piscine. Je pense que demain on t’appellera
Bizarre, j’ai vu le docteur il ne m’a rien dit ! Je regardai Françoise elle s’était endormie, je souris en pensant que ça lui ferait du bien avec tout ce qui se passait.
Soudain Françoise se mit à gémir, puis à pousser des petits cris, je l’appelai, elle ne m’entendait pas, je la secouais et là elle se réveilla l’air effaré. Je lui demandai ce qu’elle avait rêvé ? Elle répondit :
Je n’ai pas rêvé, je voyais des mains qui voulaient me tuer, elles étaient partout, sur les murs, sur le lit et je ne pouvais pas m’en défaire
Françoise ce n’est qu’un rêve dis-je fermement et je la pinçai légèrement. Elle comprit, je lui écrivit « thermomètre » Cela devenait plus clair, elle était consciente qu’on lui avait donné un hallucinogène.
Je m’approchai de son oreille, une idée m’étais venue :
Si on allait en parler à l’inspecteur lui dis-je ?
Tu veux parler de mon rêve ?

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