mardi 24 février 2009

devait être tenue car elle descendait lentement comme pour nous écraser, je montrai les toilettes à Françoise, nous avons foncé avant d’être écrasées. La planche s’écroula au sol, elle avait écrasé nos lits, les tables de chevets, l’armoire. Nous ne bougions plus, nous entendions marcher dans la chambre, je fermai la bouche de Françoise prête à crier, il fallait rester tranquille, au bout d’un moment il n’y eut plus de bruits. J’entrouvris la porte et je retrouvai la chambre comme elle était habituellement, je levai la tête, le plafond était à sa place. La lumière était allumée, Françoise incrédule alla voir la porte d’entrée, elle était de nouveau ouverte. Françoise me dit :
Tu crois qu’on a rêvé ?
Je ne sais pas, c’est la première fois que ça m’arrive.
Nous étions sonnées toutes les deux, je ne comprenais plus rien, je n’avais rien mangé ni bu de spécial, pas pris de médicaments. A ce moment la surveillante entra et nous fit remarquer qu’il était temps de dormir. Nous avions décidé de nous taire, obéissantes nous éteignîmes la lampe mais le sommeil ne venait pas, l’épreuve fut trop rude.
Je crois que nous avons dormi d’un sommeil très léger. Pendant plus d’une heure nous avons discuté dans le noir comparant nos visions.


9 – Le lendemain, nous avions décidé de ne pas manger de la journée et ne boire que l’eau du robinet. L’odeur du café fut pénible mais nous avons résisté, les filles étaient étonnées, elles nous demandèrent si nous faisions la grève de la faim. Je répondis
• Non, hier nous avons mangé des gâteaux avant de dormir et ce matin nous sommes barbouillées, rassurées, elles rirent.
Je n’osais plus me doucher, me promener seule dans les couloirs, j’avais peur de rester dans la chambre et encore plus de la piscine. Je ne savais plus comment m’en sortir toute seule.
J’allais sur la terrasse, seul endroit où je me sentais en sécurité malgré le géant qui se promenait parfois si nous descendions trop près du bâtiment du bas. Il m’intriguait, il nous suivait à partir d’un certain endroit, ne disait jamais un mot et dès que nous repartions, il faisait pareil ou plutôt il disparaissait. Personne ne savait d’où il venait ? J’avais demandé au jardinier, il venait une fois par semaine ou plus car il était aussi chargé d’accompagner les pensionnaires de la gare à la maison ou le contraire. Il m’avait dit qu’il était le seul homme à travailler dans la maison, le kiné travaillait en face, il ne comptait pas. Il rit en ajoutant :
• Dommage que vous soyez éclopées, j’ai tout un harem sinon ! Je pensais à autre chose, l’été était beau ici ! Je me laissais aller. Je me sentais bien sur ma chaise longue, j’admirai les hortensias bleus, j’aimais cette couleur.
J’avais envie de les sentir, je m’approchai et mis mon nez dans un hortensia, quelle ne fut ma stupeur de me cogner contre un objet métallique, je regardai de près et je compris que c’était un micro. Je dis « ça ne sent pas aussi bon que je pensais » et je m’éloignais tranquillement. Maintenant je savais que mes conversations avec Chris étaient enregistrées, il fallait que je lui écrive et lui donne la lettre comme il faisait parfois, faire attention à ce qu’on disait.
Je vis Marylène en montant, elle m’appela :
Au fait, tu peux compter sur moi quand tu auras besoin
Merci, méfie-toi quand tu parles, il y a des écoutes partout. Je lui fis un signe de la main et partis.
Lara avait retrouvé sa chambre, je lui demandai si elle allait mieux ?
Je crois que je commence à voir plus clair dit-elle
Alors soit prête, j’aurai sûrement besoin de toi prochainement.
Elle sourit et me fit un signe de tête. Je devais encore passer voir la Directrice, je ne savais pas du tout ce qu’elle voulait, cela m’inquiétait un peu.
Elle me reçut poliment mais froidement :
Madame Lemay, je me suis renseignée, pour la poutre, elle aurait pu tomber sur moi si j’étais venue à ce moment. J’ai vu que vous vouliez porter plainte mais vous perdrez, sa chute a fait l’objet d’études sérieuses, laissons faire la justice au lieu de nous mettre en cause, je n’ai rien d’autre à vous dire.
Je me sentis congédiée et je partis sans avoir ouvert la bouche. Nous trouverons bien autre chose si ce n’est la poutre pensais-je ! Après tout elle avait peut être raison ?
En sortant, je sentis une présence, je me retournai, je vis une ombre se cacher, je continuai mon chemin dans le corridor, l’ombre me suivait, je ne pouvais pas distinguer plus. Je rentrai dans la chambre de Marie, elle se trouvait avant la mienne, elle me regarda étonnée :
Tu t’es perdue ?
Non, j’ai l’impression d’être suivie, je n’aime pas ça

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